Nous etions quatre dans cette voiture qui filait tout droit vers notre repos bien merite...les kilometres defilaient a une rapidite hallucinante et je sens que l'on ralentit, que se passe t'il?...nous sommes sur l'autoroute et le vehicule de devant met ses feux de detresse...nous ralentissons encore et encore pour finir par nous arreter completement...c'est pas possible me dis-je, nous voilà bloque en plein bouchon...

puis des sirenes de partout qui nous doublent en passant sur la bande d'arret d'urgence...pompiers, ambulances, samu, police....un accident, il doit etre terrible vu le nombre de secours deployes...

il fait un soleil de plomb...nous decidons d'arreter le moteur....nous ouvrons les fenetres car la chaleur nous gagne de plus en plus...je decide de descendre pour essayer d'apercevoir quelque chose, des filles de voitures devant et derriere sur des centaines de metres...

mais une chose me frappe : il n'y a presque aucun bruit, toutes les voitures sont a l'arret, tous les moteurs sont coupes et pourtant nous sommes sur l'autoroute...une sensation etrange m'envahit...ça  ne colle pas...

une autoroute sans circulation c'est comme nager dans une mer sans vague, c'est comme tirer a l'arc sans fleche, c'est comme une nuit sans lune, c'est comme hurler sans cri, c'est comme...

au bout de cinq minutes nous voilà tous les quatres dehors et là nous nous retrouvons au milieu d'une espece d'aire de repos improvisee...les gens se degourdissent les jambes, les chiens font leur ballade, les enfants courent sous le regard de leurs parents...nous nous defoulons un peu, buvons un cafe, fumons une cigarette...nous en avons presque oublie l'accident...

vite, remontons la circulation reprend, nous avançons tout d'abord au pas...nous nous rapprochons du lieu "maudit"...encore et encore...trois depanneuses sur le cote qui remorquent les voitures accidentees, ce n'est plus que des amas de ferrailles, on ne peut plus distinguer la marque, plus aucune forme...et par terre des affaires...des habits, des chaussures...des jouets d'enfants...des valises, des sacs sur une grande distance...

nous ne savons si la mort a frappe mais elle est venue roder par ici...elle en avait decide ainsi!

en passant devant les lieux de l'accident, plus aucun mot, un silence de "mort"...mais dans ce silence nous pouvions nous entendre dire :

"nous avons la chance d'etre en vie"...